Nafissatou Dia Diouf : « Écrire l’Afrique, un acte de subversion ? »

POINT DE VUE. L’écrivaine sénégalaise s’est interrogée à haute voix lors des Ateliers de Saint-Louis* à Juvigny-le-Tertre, dans la Manche. Son cheminement mérite le détour.
L'oralité a été le mode de transmission par essence pour la plupart des civilisations africaines, à travers les récits, contes et légendes à vocation mémorielle autant que pédagogique. Cette mémoire qui a traversé les millénaires a cependant été fragilisée par les colonisations et l'imposition de langues et de formes de récit étrangers.
À l'exception de quelques civilisations dont les élites maniaient l'écrit (Égypte, Éthiopie….), la production de savoirs empruntait des textualités alternatives, et ce, sur une pluralité de matériaux. Cette transmission a été fragilisée par fait colonial, islamique et européen, qui ont introduit une hiérarchisation, une relégation de l'oralité et parfois un bannissement de l'usage des langues vernaculaires au profit de la langue du dominant créant une véritable dichotomie entre moralité et culture de l'écrit et un rapport asymétrique entre l'un et l'autre